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100 Mots
04:17
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J’entends parler, dans les médias, j’entends penser dans les bistrots,
Dans les micros comme dans ma rue, j’entends sapiens, j’ai mal aux mots
Est-ce le langage qu’on assassine, à coup de poncifs dans le bide ?
De bouts de phrases, de bris de mots, de discours de plus en plus vides
Des répertoires anorexiques, des mots valises pour tout bagage
Simplification du lexique, et novlangue à tous les étages
Cette semaine, articles en promo, soldes sur le vocabulaire
Soulagez-vous de tous vos maux, deux mots perdus pour un offert
Sans mots, t’as plus rien, pour cent mots t’es plus rien
Cent mots pour parler, sans mots pour penser
Plus de hauteur dans les débats, que des formules publicitaires
Touchons le fond, pas le format, c’est tellement plus simple en binaire
Plus de nuances et plus de gris, dans un univers noir et blanc
Où le différent est l’ennemi, où tout se divise en deux camps
Trop bien-trop pas bien, gagnant-perdant, fidèle-païen, gentils & méchants
Sans mots, t’as plus rien, pour cent mots t’es plus rien
Cent mots pour parler, sans mots pour penser
Et tu te retrouves impuissant, à la merci de tes élites
Qui ont compris depuis longtemps, que le pouvoir, toujours, gravite
Autour du verbe pour mieux tromper, mieux dominer
Parce que les mots sont des grenades, et qu’il faut t’en déposséder
Car sans ceux-ci, sans pouvoir dire, il ne te reste que les poings
Que faux prophètes et vrais tyrans te dictent où frapper demain
Ne plus penser par soi-même, ne plus de poser de questions
Rejoindre les rangs du djihad ou bien celui des bas du front
Sans mots, t’as plus rien, pour cent mots t’es plus rien
Trop bien-trop pas bien, gagnant-perdant, fidèle-païen, natifs & migrants
Sans mots, t’as plus rien, pour cent mots t’es plus rien
T’as plus rien, t’es plus rien, t’as plus rien, t’es plus rien
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2. |
Au bout du conte
04:28
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Et tu m’diras qu’on s’est perdu, qu’on tourne en rond, que tu sais plus
Où tu en es, ni où tu vas, ni même si t’y vas avec moi
Que t’as besoin de faire le point, de réfléchir à tes besoins
Qu’il faut se rendre à l’évidence, qu’il faut qu’tu prennes de la distance
Et tu m’diras que tu t’ennuies, que j’mets plus d’piment dans ta vie
Que les jours sont toujours pareils, qu’à mes côtés tu te sens vieille
Que je ne suis plus qu’un mort vivant, toujours collé à mon écran
Qu’on vit reclus, qu’on sort jamais, que tu t’emmerdes à en crever
Quoiqu’on y fasse, au bout du conte, tout passe
Tu m’diras qu’t’as plus la patience, d’avoir à combler mes silences
Qu’avec moi on peut rien construire, qu’on peut même pas parler d’avenir
Ni même d’ailleurs de quoi que ce soit, je suis tout le temps de mauvaise foi
Que quand tu parles, je t’écoute pas, et que je te parle jamais de moi
Mais aujourd’hui tu te rassures, tu dis « jusqu’ici tout va bien »
Qu’on sera plus fort que l’usure, de ce putain de quotidien
Que tu m’aimes bien plus qu’hier, et bien moins que demain
Que je n’ai pas à m’en faire, que je m’inquiète pour rien
Quoiqu’on y fasse, au bout du conte, tout passe
Et tu m’diras qu’t’as en travers, tous mes défauts, tous mes travers
Et tu m’diras qu’t’en as fini, de supporter mes conneries
Que je te baise plus comme avant, que tu veux même plus faire semblant
Que t’en peux plus de voir ma gueule, que tu seras bien mieux toute seule
Quoiqu’on y fasse, au bout du conte, tout passe
On fait face, on s’efface, on se casse, on se ramasse
Mais tout passe, tout nous lasse, nous dépasse, oui tout passe
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3. |
Maitresse
03:57
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Elle se sent délaissée, anxieuse et stressée
Si seule, et si lassée, au pied du mur
Tu la vois rêvasser, ressasser son passé
Perdue dans ses pensées, et ses murmures
Assis, debout, couché, viens au pied, va chercher, tu la laisses, tu la laisses
Tu la sais harassée, quand pour se délasser
Elle délace, sans délai, ses chaussures
Tu viens te prélasser, la laisser enlacer
Ta silhouette élancée, à son allure
Assis, debout, couché, viens au pied, va chercher, tu la laisses, te tenir en laisse
Un peu embarrassé, tu essaies de t’effacer, sans oser dire : « assez », sans rupture
Mais elle t’a bien dressé, tu la laisses se glisser se serrer se lover s’immiscer sous l’armure
Tu cèdes à ses baisers sans cesser d’apprécier ces mots suaves et sucrés qu’elle susurre
Assis, debout, couché, viens au pied, va chercher, tu la laisses, te tenir en laisse
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4. |
Congé intérieur
03:48
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Je circule dans les couloirs, comme d’autres arpentent le trottoir
Toujours un dossier sous le bras, m’assurant que chacun me voie
Entre deux pauses, pour pas craquer, je squatte la machine à café
Passant la journée sans rien faire, vendant du vent, brassant de l’air
Le corps présent et l’esprit ailleurs, je suis en congé intérieur
Derrière mon écran de fumée, j’égrène les heures à surfer
A un clic d’une feuille de calcul, en cas d’intrusion dans ma bulle
Pour faire face à ma hiérarchie, j’assure toujours le minimum requis
Cultivant l’art de l’illusion, je suis le roi de la procrastination
Le corps présent et l’esprit encore ailleurs, je suis en congé intérieur
L’oreille rivée au cellulaire, je parle fort et je m’affaire
Sur un dossier vraiment très important, au bout du fil, personne pourtant
Vu les efforts que ça demande, pour masquer à quel point je glande
Je m’dis que ce s’rait moins fatiguant, si seulement si je travaillais à plein temps
Le corps présent et l’esprit ailleurs, je suis en congé intérieur
Le corps présent et l’esprit encore ailleurs, je suis en congé intérieur
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5. |
Rien ne vient
04:22
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Pour mettre du sel sur les plaies et des questions dans les silences
Combler ce qui est incomplet, grandir du manque et de l’absence
Pour mettre du bleu dans le noir et des ombres dans la lumière
Donner du sens à la mémoire, mettre du feu dans nos artères
En l’attendant, je serre les dents, je serre les poings, mais rien ne vient
Pour se sortir de la torpeur, pour faire vaciller nos barrières
Pour oser faire face à nos peurs, nous faire dévier de nos ornières
Pour voir l’ordure cachée sous l’or et la douleur dans les sourires
Pour percer l’horreur du décor, raconter les corps se flétrir
En l’attendant, je serre les dents, je serre les poings, mais rien ne vient
Pour savoir la valeur du temps et de l’ennui et des détours
Pour prendre du champ sur l’instant, ôter les fards et les atours
Pour rêver un peu plus souvent, pour endurer en l’attendant
Combien encore de réveils enragés ? Combien encore de soleils étrangers ?
En l’attendant, je serre les dents, je serre les poings, mais rien ne vient
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6. |
Exsangue
03:59
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Je te ferai oublier ton nom, je te ferai hurler le mien
Tu crieras oui, tu crieras non, tu voudras tout ou bien plus rien
Je saurai te faire plier et te faire réclamer le pire
T’obliger à me supplier, tenter de me ralentir
Je viendrai te montrer comme elle est agile ma langue
Et ne compte pas m’arrêter, non, tant que tu n’seras pas exsangue
Abandonnée à la lisière juste entre le bien et le mal
Sans plus de conscience, ni repères, réduite à l’état animal
Je saurai te faire pleurer, te faire aller, te faire venir
Te perdre et te retrouver, te faire renaître, te faire mourir, te faire venir, te faire partir
Je viendrai te montrer, comme elle est agile ma langue
Et ne compte pas m’arrêter, non, tant que tu n’seras pas exsangue
Je saurai te posséder, m’emparer de tout ton être
Par mes gestes lents et saccadés, t’asservir et te soumettre
Je saurai te ravager, je saurai te faire blêmir
Sans jamais te soulager, non, sans te laisser t’évanouir
Car moi, je viendrai te montrer, comme elle est agile ma langue
Et ne compte pas m’arrêter, non, tant que tu n’seras pas exsangue
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MaisonClose Montpellier, France
A l’origine était l'absence. Puis sont venus les mots, précipités les uns par les autres, comme poussés par le besoin,
enfin, de dire.
Et puis les sons. Sombres. Des rythmes tranchés, coups de hache dans le décor. Et des tunnels. Beaucoup. Des chemins tortueux dans lesquels se perdre.
Le nom, enfin. MaisonClose. Comme un espace réduit, confiné.
MaisonClose propose du rock.
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